
Explorer le thème de la nourriture et de l’agriculture en plein hiver, c’est presque comme chercher des baleines au milieu du désert. Certes, il y a les aliments mis en conserves et ceux qui se retrouvent dans le congélateur, mais ces réserves sont les vestiges d’une saison de croissance terminée. Il y a des gens qui font pousser les légumes d’hiver en serre, mais cette technique nécessite investissement, planification et connaissances. Ma découverte de la serre à Fran et Mark m’a inspiré à adopter cette technique dans un futur proche. Finalement, il y a le lièvre et l’éperlan mes protéines hivernales sauvages. Celui qui se fie à la pêche et à la chasse pour se nourrir doit pouvoir y consacrer énormément de temps et même ses meilleurs efforts ne sont pas une garantie de repas.
L’hiver, c’est la saison maigre, difficile surtout lorsque les réserves commencent à s’épuiser et que la terre est encore trop gelée pour que les graines recommencent à germer. Que faire pour les gens qui s’engagent à manger local, qui croient à l’autosuffisance, au développement durable et à la sécurité alimentaire? Faut-il construire des serres dans toutes les arrière-cours du pays? Serres qui doivent être chauffées, nécessitant ainsi l’importation de combustible? Sinon, on se tourne vers des cultures adaptées au froid? Boycotter l’importation de nourriture, système à base d’essence qui, malgré son impact négatif sur l’environnement, nous permet une variété alimentaire à laquelle nous sommes accrocs? Légiférer pour que tous pratiquent le jardinage et la mise en conserve de l’abondance d’été?
Depuis deux ans, je fais un effort pour subvenir aux besoins alimentaires de ma famille. J’ai réussi à produire tous nos légumes pendant la saison de croissance et toute la viande dont nous avons besoin pour l’année même si, sur le plan financier, produire sa propre viande n’est pas nécessairement économique. Mise à part la viande, je n’ai pas suffisamment produit pour pouvoir franchir la saison maigre sans achats de nourriture. Je ne compte pas poursuivre l’élevage d’animaux pour la viande, nous considérons même diminuer la quantité de viande que nous consommons comme famille. J’aimerais un jour produire tous les légumes et les conserves en plus d’une bonne partie des fruits dont nous avons besoin. Les aliments que je ne pense jamais pouvoir (ou vouloir) produire afin de subvenir aux besoins alimentaires de ma famille sont les grains, viandes et substituts, produits laitiers et huiles. Le vinaigre? Peut-être pour le plaisir. L’alcool? Si un jour je peux réussir à produire d’aussi bonnes bouteilles que celles en vente à la commission. Le sucre? Seulement pour découvrir si c’est difficile de transformer une betterave à sucre en sucre.
Essentiellement, si la saison maigre peut aider à éclaircir une chose pour nous qui cherchons une certaine autosuffisance alimentaire, c’est qu’il sera toujours difficile et pas nécessairement raisonnable d’espérer tout produire nous permettant de nous détacher de la nécessité de s’approvisionner ailleurs. Nous devons faire des achats consciencieux. Pour le reste, nous pouvons simplement nous y adonner pour le plaisir. Peut-être que la pêche à l’éperlan n’est pas la clé de l’autosuffisance alimentaire hivernale, mais c’est right d’la fun!